À la recherche de la Beauté – Seul en Nouvelle-Zélande
Je suis parti seul : un van, un appareil photo, et une soif profonde d’animaux et de beauté. Je ne savais pas exactement ce que je cherchais, mais je savais une chose : c’était loin du bruit.
Je ne vais pas tout vous raconter, à moins que vous souhaitiez une version plus longue et détaillée. Je vais simplement essayer de parler de ce qui m’a vraiment touché.
Jour 2 : Akaroa, la route des émotions
J’avais déjà réceptionné mon van à Christchurch et il était déjà temps de prendre la route.
Direction Akaroa, sans raison particulière. C’était proche, et très vite, à peine sorti de la ville, les premiers virages m’ont emporté.
Je n’ai pas pu retenir une larme.
Non, je ne me suis pas retourné en van dans un fossé—du moins physiquement—mais mon cœur et mon esprit, eux, tourbillonnaient dans tous les sens.
C’était si beau, une lumière magnifique qui contrastait parfaitement avec les formes des montagnes, une verdure splendide et surtout cette route si peu fréquentée, comme un cadeau, juste pour moi.
Rouler seul dans cet endroit sublime… Les routes vides, les montagnes pleines.

Deuxième semaine : La quête des Keas
Suite à une énième randonnée, je tombe enfin sur un Kea. Un perroquet robuste, d’une belle couleur verte, absolument pas peureux, littéralement en train de trouer le sac à dos d’un autre randonneur pour lui piquer un peu de nourriture. Voilà ma première rencontre avec ce perroquet alpin.
Je voulais en voir d’autres, alors direction le Rob Roy Glacier Track. Pour accéder au sentier, il fallait emprunter un petit pont fermé pour « inspection en vue d’éventuelles réparations. Heureusement, j’avais entendu un local dire que le pont était sûr pour une ou deux personnes. Les discussions concernaient surtout la sécurité pour de plus grands groupes. Et oui, les sentiers en Nouvelle-Zélande sont généralement très bien entretenus pour éviter tout accident !
Je commence donc cette randonnée, et juste avant d’arriver au sommet, j’entends enfin les cris des fameux Keas tant recherchés. J’avance doucement avec mon appareil photo, pour ne pas les effrayer, et là, la surprise : une dizaine de Keas en train de se détendre, avec comme décor le glacier Rob Roy lui-même. Quel bonheur intense que de vivre un tel moment !
J’ai pu passer du temps avec eux, car ils ne sont pas craintifs—tout en respectant leurs distances et leurs routines, bien sûr. Je vous laisse simplement apprécier ces quelques photos prises…
Ce pont interdit, le conseil d’un vieux local, la montée presque initiatique, puis l’arrivée au sommet sous la danse des Keas.

Semaine 3 : Roys Peak Track et l’aurore australe qui m’a trouvé avant le soleil.
On m’avait dit que le lever de soleil était incroyable à cet endroit. Spoiler : c’était encore mieux que prévu.
Départ prévu vers 3-4 heures du matin, mais impossible de dormir tant j’étais excité. Alors à 2 heures du matin, je mets mes vêtements, attrape ma frontale et mon appareil photo, et commence l’ascension. Il fait sombre, ça grimpe pas mal, mais avec mes bâtons de marche, j’ai l’impression de flotter. Je grimpe, j’ai le temps de penser—à moi, à ma vie, à son sens ou à son non-sens.
Soudain, littéralement nez à nez avec le diable : DEUX YEUX ROUGES GIGANTESQUES ME FIXENT, AVEC DEUX ESPÈCES DE CORNES. Mon cœur s’arrête net… ce n’était qu’une vache.
Incroyable comme tout est différent à 3 heures du matin.
Je reprends mes esprits, me disant que cette pauvre vache a probablement eu aussi peur que moi. Presque arrivé au sommet, je lève rapidement les yeux pour admirer les étoiles, et là, spectacle incroyable : une infinité d’étoiles. Il y a des jours où je me demande ce que j’ai fait pour mériter de tels moments.
Je continue de marcher, admirant ce ciel… rouge ?
Oui, le ciel commençait à danser, un ballet rougeâtre de flammes célestes. Il m’a fallu plusieurs secondes pour réaliser que c’était une aurore australe.
Alors je cours au sommet, installe mon matériel photo et profite de chaque instant, totalement euphorique.
Des larmes coulent encore, je sautille comme un enfant. Je n’ai jamais vécu quelque chose de semblable.

C’était certes dû à une tempête solaire visible dans plusieurs endroits du monde, mais quelles étaient les chances pour que cela se produise précisément lors de la seule randonnée nocturne de ma vie, sans un nuage dans le ciel, au sommet d’une montagne proche de Wanaka ? J’avais gagné le gros lot. J’étais là-haut, complètement seul, observant des lumières de randonneurs monter vers moi en contrebas, avec au moins une heure d’avance sur eux. Seul pendant une heure, sous un ciel rouge, en Nouvelle-Zélande.
Puis vint le lever de soleil—un autre moment d’une beauté renversante. J’avais presque trouvé un sens à ma vie. C’était suffisant pour continuer.
